BENOIT AUCLERE « en devanture »…
… pour une nouvelle exposition, dans le cadre des Estivales Lagorre 2019… de ce toujours jeune artiste toulousain.
Avec un ensemble de panneaux-matrices, de bois gravés donc, qui puisent leur inspiration, leur nécessité même, dans des instantanés photographiques, prélevés à même une réalité citadine de vitrines à commerces – fringues surtout – et de passants pressés ou nonchalants, interpellés soudain, intéressés ou non par ce qui s’offre ici, à grand renfort de publicités. Circulation de regards, de postures en mouvement, croquées avec talent.
Le traitement de ces bois, présentés comme œuvres à part entière, terminales dans leur processus créatif, en fait toute l’originalité, qu’il s’agira ici de qualifier.
A la fois travail de la couleur, par l’encrage restant, la teinte surajoutée, épousant les reliefs creusés par une gouge experte, travail de volume, de plans, perspectives et profondeurs… pris dans de subtiles combinaisons d’ombre-lumière… matité et luisances, harmonie… du blond pâle aux bruns rouges et noirs profonds.
De fait, un tour de force qui s’emploie à mettre en abîme les instances du Réel et de l’Illusion, du reflet multiplié dans cet environnement commercial de vitrines alléchantes ; et témoignage civilisationnel assumé, dénonçant une société urbaine de consommation pléthorique, qui dicte au désir de chacun.
Des bas-reliefs sculptés, des scénographies modernes efficacement composées, voilà bien ce que propose à notre regard Benoît Auclère, méritant le titre-sigle qu’il leur donne volontiers : « I. C. U », traduit en « INSTANTS / COMPOSES / URBAINS ».
Alors, alors, roulez Jeunesse ! l’esprit critique en bandoulière, au plus vif du cœur des villes.
Claude Barrère
Soulan (Août 2019)