Du 27 juillet au 9 août
tous les jours de 15 h à 19 h
Presbytère
Dans la paume d’une main
« Quand la main cesse de voir,
nous sommes aplatis, nous perdons
notre volume. »
Bernard Noël
(« Journal du regard » – Ed. P.O.L – 1988)
Il ne faut pas mettre la trace avant l’acte. Le dit avant l’art. Les peintres nous enseignent cela : le toucher des yeux. Sa langue et ses couleurs. L’œil de l’autre. Mais les peintres ne nous enseignent rien. Qu’une leçon d’ignorance. Il en va ainsi des poètes dont ils sont l’autre main.
Et dans cette main-là, que chaleureusement Claude Barrère nous tend, se rencontre, comme au détour d’un livre dont s’effeuille la pensée, quelle petite monnaie d’un miracle tout simplement humain ?
Un buisson d’encre qui tremble sous la poussée de la sève au printemps ;
un arbre-frère qui s’élance dans le passage de l’herbe au son du vent ;
des branches pour dire des bras quand il viendrait vibrer le souffle d’un poème à embrasser par cœur ;
une montagne sans tête dont l’ombre s’éparpille comme autant de pierres écrites dans la langue des ombres ;
un chemin vers nulle part s’estompant aux confins du dicible avec les mots qu’il n’a plus ;
le pinceau chinois en mémoire – plumes et poils – dans la manche vide de l’œil à l’affût ; …
Et cette manne, d’une poésie inédite, nous vient sur ses pattes de colombe, un rai de lumière au bec. Une fumée qui signe l’espace de la rêverie ; un signe dans le temps suspendu de la rêverie. Comme de la buée dans un miroir dont on redessinerait à sa guise l’image de quel autre qui pourtant nous voit ?
La question du regard reste posée. Je n’ai rien dit. Mais donnez-vous le temps de ce regard – il vous reviendra.
Dans le creux de la main.
Jean-François Rousseau
(Ustou – 11/12 août 2013)