Humanité

Photo de Bruno Delord | Texte de Gilles Jolly

Vibrations et relations, on est attiré par ce qui nous ressemble. Néanmoins, on arrive difficilement à nommer cette attirance. Le plus souvent c’est comme une demande secrètement adressée. Quand on arrive à la formuler, l’issue peut être heureuse. Mais la formuler n’est pas systématique. 

De l’autre côté, il est parfois difficile de répondre même si on aimerait bien au fond de soi, ne pas décliner sèchement une attirance immédiate pour une apparence, un corps, un geste, un sourire, une voix. L’alchimie, c’est comme une réponse apportée à une question humaine en suspend. Elle nous conduit vers l’intime. On s’adresse un regard, on offre son visage, on libère son épaule, son bras, à l’affut d’une caresse, musicale si elle pouvait. Dans ce dialogue, on cherche l’amour, l’ouverture, la joie. 

N’être que soi et en même temps s’oublier complètement. Juste avec ce petit pas de côté, vers les autres. On sait instinctivement s’ils seront dans l’écoute ou pas. S’ils auront cette envie partagée, d’être portés, nourris. D’être aidés. C’est tellement formidable quand on aide quelqu’un, ce à quoi tout le monde aspire, non ?

Il faut bien que je commence par rompre le silence. De l’autre côté, ils vont tout de suite sentir si j’y suis ou si je n’y suis pas. Ce n’est qu’une question de perception, de sensation. Écoute ton souffle. En ton for intérieur, tu sens bien s’il y a une petite inquiétude, si c’est un jour faste, ou un jour un peu triste. Ça devrait être tellement naturel de se tendre la main pour se dire : »Viens ! Ça va bien se passer ! » Et s’il fallait renouer avec un son, il faudrait d’abord apprivoiser nos silences.

Il faut être au moins deux pour se faire confiance. Et si le sentiment survient et que ça te semble facile, cela est juste parce que ça te touche. Je ne sais pas ce qui va sortir de mon corps, cette machine, mais j’ai vu dans son regard quelque chose qui me portait. Et ça m’a tellement ému de ne pas avoir à le cacher. Toute la matière est là, abondante et généreuse. Il n’y a plus de frontière. Prendre le risque extrême de se poster au bout d’une branche et de tomber. Parce que l’on sait que l’un ou l’autre aura cet élan pour nous accueillir. Ce n’est pas de la magie, sans écoute et sans échange, il n’y a rien. Il faut juste savoir prendre son temps.